Un premier constat s’impose; de tout temps l’industrie a su créer des imaginaires.

On peut remonter à toutes les périodes de l’histoire pour trouver des exemples. On peut citer notamment Saint Simon qui, dès 1820, prophétise l’industrialisation comme un moteur d’évolution et de progrès social.

Spécialiste des imaginaires

L’imaginaire n’est pas seulement le produit de l’imagination, il est un langage, un univers de forme et d’image dynamique ayant une certaine cohérence où l’industrie est sa matrice.

L’industrie du jeu vidéo s’est développée exclusivement par les univers de l’imagination. On peut noter une réelle inversion puisque ce n’est plus l’industrie qui créer l’imaginaire, ce sont les industriels qui établissent les conditions favorables au développement d’une activité industrielle.

L’imaginaire fabrique des images, des représentations, des récits et des symboles mais l’imaginaire se fabrique et prend vie par l’histoire, le « storytelling ». Il prend donc le statut de matière ; une matière qui travail. Un « faiseur » réalise son imaginaire propre.

L’imaginaire permet la projection, la fulgurance et le jaillissement. Il est un outil de mise en perspective, une intuition humaine, une conjecture dont on ne connait pas les limites.

Appliqué par des technologies récentes telles que la réalité augmentée, nous sommes en capacité d’appliquer un espace virtuel sur un réel, nous projetons désormais nos informations et nos intuitions dans le réel.

Design, ingéniosité et optimisme

La France est forte de signes qui montre son éveil au design, avec l’existence du Club de Paris des Directeurs de l’innovation présidé par Marc Giget et la présence des Mardi de l’innovation entre autres… L’identité du design français s’affirme avec la mission de l’équipe de France du design présidé par Alain Cadix. Les traceurs du progrès, de l’intelligence sont bien présents et nous avons la volonté de vouloir les appliquer.

Le design permet l’amélioration de la qualité de vie, la conception, même primaire a contraint, ou permis aux hommes de créer des outils pour manger.

L’un des designer qu’elle préfère est Barbe Noire lors de l’age d’or de la piraterie. Elle le compare à un concepteur dans sa capacité à former et donner de la valeur et du sens à ses signes extérieurs.Il a su terrifier les hommes grâce à son drapeau, son apparence et celle de ses matelots. Il a su également organiser ses troupes, définir une organisation et éduquer ses pirates qui savaient écrire et parler plusieurs langues.

La marque « black flag » (le drapeau noir des pirates tel que nous le connaissons) fut brillante car reprise et adaptée par les autres pirates, aujourd’hui encore les pirates bénéficient de cet aura graphique.

La datavisualisation

Grâce à ce type de représentation, on peut représenter de très nombreuses situations et données quantitatives.

Par exemple on peut représenter par une dataviz la différence génétique entre un humain et un chimpanzé (pour la petite histoire Il n’y a que 9 différences entre l’homme et le singe). Le problème de la société de demain sera de donner du sens aux données et de savoir les interpréter correctement.

Benjamin Fry est un expert et pionner de la dataviz qui a co-développé Processing, un langage informatique de conception d’interfaces et de traitement de données dans un but avant tout visuel/dataviz. Ses travaux ont été présentés dans le monde entier.

  • L’exemple des prothèses artificielles

On oublie, grâce à la conception élégante de la prothèse, le handicap de la femme. Si les premières jambes étaient aussi lourdes et inconfortables qu’un boulet de pierre, maintenant le design des prothèses s’est amélioré tant et si bien que l’on les oublie.

Le constat s’impose; les prothèses cosmétiques ressemblent à de vraies jambes. Il existe plus de 40 jambes, qui correspondent chacune à une activité spécifique.

Cette lubie a permit de développer plusieurs nouveaux modèles, notamment en terme d’usage de prothèses qui sont maintenant produites et distribuées dans le monde entier. On touche ici du doigt l’importance de la protection de la propriété intellectuelle et du design.

  • Comment servir correctement les personnes âgées et malades ?

Le groupe de pensée constituée de designers, de scientifiques, d’économistes ont travaillé ensemble sur le sujet. Au terme de leur réflexion, la solution est la création d’un cercle de relation, social et physique qui permet de suppléer leurs besoins.

Dans ce type de club social, chacun doit contribuer au cercle pour alimenter les compétences du groupe social et d’inciter à créer et répondre aux besoins de base de la communauté. Il a fallu créer des supports de communication mais le design du service est plus important dans le projet car il fallait devenir la chaîne de valeur et de besoin des groupes avant de proposer le service.

Grâce à ce type de projet, on peut mieux comprendre pourquoi le design est un outil pour changer et améliorer la qualité de vie.

A la question quel est le rapport entre le design et la politique, on peut déjà faire le constat que sans imagination il n’y a pas d’hypothèses, par conséquent pas de science. Les sciences politiques usent par conséquent d’une forme d’imagination pour mettre au point des plans et des cas qui résolvent leurs problématiques.

En avançant l’exemple de l’impression 3D, la société et le progrès impliquent une réaction intelligente et adaptée attendue à travers des projets politiques.

Une fois utilisé avec intelligence, le design est un outil puissant.

Le parcours de Marc Giget en quelques phrases :

Son premier projet fut de créer et diriger le SEST, groupe de recherche sur les problèmes Sociologiques, Économiques et Stratégiques liés aux Techniques nouvelles. Il y dirige des travaux sur la gestion de la technologie, l’innovation et la dynamique de développement des entreprises dans le monde. En 1999, il lance à Paris Les Mardis de l’Innovation, séminaires / cours / conférences en format ouvert et gratuit sur les cultures de l’innovation et le retour d’expérience des entreprises et organisations les plus performantes au monde, diffusé dans plus d’une centaine de pays.

En 2008, il créa le Club de Paris des Directeurs de l’Innovation, qui regroupe quarantaine de grandes entreprises européennes, et qui réalise des travaux de recherche sur l’innovation à travers le monde, les formes modernes de gestion de l’innovation et le partage du retour d’expérience des meilleures pratiques d’innovation.

La créativité à t-elle désenchanté l’imaginaire ?

Un peu d’histoire, en 1971, la description du terme créativité à suscité l’opposition de André Chanson mais la validation de Louis Armand. La créativité ce n’est pas pour les écrivains et les scientifiques Alexander Osborn.

Le post-it (très design thinking), c’est la pensée en miettes.

Alors pourquoi les humains imaginent ?

Pour bien l’illustrer, on peut employer la citation d’Albert Einstein :

“Le rêve est la porte d’entrée de l’imaginaire.”

A travers les rêves, les idéaux, les passions, les désirs, les espoirs et les utopies, l’inexistant est quelque chose que l’on n’a pas suffisamment imaginée. Les hommes se rencontrent dans l’imagination et leurs convergences. Ce sont des regards croisées dans la convergence de l’imaginaire.

L’inspiration est l’idée qui n’a pas été exprimée mais qui émerge à travers une image d’imaginaire. C’est le premier acte.

L’imagination est-elle subversive ?

Si l’idée de départ n’est pas absurde elle est sans espoir. Il faut que les imaginaires ne se soucient pas de toutes les contraintes et les conventions du sujet dans un premier temps.

Est-ce que les leaders mondiaux utilisent l’imaginaire ?

Il est cependant un besoin de faciliter et d’encourager l’imaginaire et de s’accepter comme créateurs plus que comme créatif. Des données supportent que pour 1000 cas, il n’existe pas d’innovation née d’un séminaire dédié à la créativité.

Le design est-il vraiment humaniste ?

Le designer se situe entre l’humain et la technologie. Il faut être attentif aux fait que les technologies sont des moyens et non pas des objectifs. Notre démarche s’initie par l’humain et je cherche des solutions à ses besoins et ses aspirations avouées ou imaginaires.

Alors que les européens sont désenchantés et que les français possèdent la médaille d’or du pessimisme, il existe un lieu pour l’innovation sur d’innombrables sujets.

Ainsi, le marché que représente les seniors, le logement, les transports collectifs, l’amélioration du lieu de vie et des services publiques sont à notre portée. Nous cherchons des éléments d’amélioration dans une situation pré-révolutionnaire.

Quoi de nouveau ?

De nouveaux sujets débutent dans la santé avec des avancées majeures des sciences et des techniques, dans le transport sous des formes et des modalités différentes et durables, et dans le domaine de l’éducation avec des modes et des systèmes d’apprentissages nouveaux.

Nous avons besoin de progrès, là où le décalage entre l’attente du progrès et la réalité des choses est une problématique centrale de notre civilisation.

Dans ce cadre, le design à un rôle d’équilibre il participe à la synthèse créative.

Quelles sont les compétences utiles des créatifs ?

Les grands business models sont naissants, il faut des designers capables de penser des projets dans leur ensemble, de façon systémique et dans leur complétude. Nous avons besoin de designer capable d’intégrer des ateliers de conception dans des structures multidisciplinaires. 

Un autre constat français identifie que notre formation de l’ingénierie se fonde sur des connaissance trop techniques et nécessitent de favoriser une ouverture d’esprit pour se connecter aux métiers du design. Nous avons aussi besoin de financiers dont les perspectives seront moins court-termistes afin de favoriser des ouvrages plus globaux, holistiques afin de résoudre des situations dont la vision est nécessairement plus durable.

Le design est un outil collaboratif et transversal où l’harmonie des pratiques doit être mise en avant au lieu de tirer le profit vers une pratique ou une autre.

Le design doit être compris pour son potentiel et non pas par sa finalité visible.
Il faut corriger au même moment le déficit d’écoute de la société. Où le marketing est trop souvent compris comme un outil qui produit de la PLV opérationnelle, il est appauvri dans son message et sa portée. Il faut veiller à la mauvaise définition du désigner comme styliste ai lieu de l’innovateur social et politique qu’il devrait générer.

Cela se règle dès l’enfance avec une leçon de choses et les éveiller par des cours de design. C’est l’une des missions proposée et en projet dans les années à venir. Il faut vaincre cette problématique de diffusion.
C’est par l’éveil et le questionnement sur les objets, les formes et la juste fonction que le message passera.