Mon design mérite-t-il être protégé ? Voici la seule question à se poser. Pour cela, il faut que votre design soit nouveau & original. Si la réponse est oui, vous pouvez débuter les démarches de protection de propriété intellectuelle.

Est-il possible de protéger une idée ? Hélas, il est impossible de protéger juridiquement une idée. Soyez très vigilants sur les offres qui fleurissent sur internet du type “brevetez votre idée en quelques clics” ou “protégez votre concept en ligne” ! Les démarches évoquées ci-dessous vous permettrons de limiter certains risques en amont de votre projet.

Pourquoi protéger le design ?

Le design peut-être facilement copié ou plagié, il est donc impératif d’intégrer les problématiques juridiques et commerciales pour chaque nouvelle création, tant au niveau esthétique que technique. En effet, le design est bien souvent au carrefour d’un grand nombre de métiers, que ce soit un logo, un vêtement, une montre connectée, un packaging, un produit industriel, etc.

Les aspects de stratégie de marque sont également primordiaux : protection de l’idée, nom de marque, territoire de marque, marketing, recherches juridiques, protection de propriété intellectuelle, dépôt d’enveloppe Soleau (dessins en 2 dimensions & modèles en 3 dimensions), dépôt de marque, dépôt de brevet, gestion et protection du portefeuille des noms de domaine.

Les organismes pour protéger vos créations : INPI (Institut national de la propriété industrielle), EUIPO (Office de l’Union européenne pour la propriété intellectuelle), OMPI (Organisation Mondiale de la Protection Intellectuelle). L’idéal est de vous faire accompagner par un cabinet d’avocats spécialisé en conseil en propriété intellectuelle (CPI).

Le design comme levier de croissance

Depuis plusieurs années, le design s’est invité dans le débat public. Les pouvoirs publics ont pris en compte l’intérêt du métier de designers dans un objectif de renforcement des capacités d’innovation des entreprises françaises ; des évènements comme l’Observeur du design organisé par l’APCI qui se déroule chaque année à la Cité des Sciences et de l’Industrie montre que le design est partout et qu’il est associé à l’innovation industrielle dans la plupart des cas.

Il s’est également invité dans le débat politique suite aux opérations de promotion de l’intérêt stratégique de notre métier dans différents secteurs industriels majeurs via les pôles de compétitivités ou les technopoles, la Direction Générale des Entreprises à Bercy a également participer à la diffusion du design notamment sur l’opération « designer en résidence » et l’ouvrage « Design Impact ». Les temps sont propices à la diffusion du design dans l’ensemble des nouveaux champs d’innovation et les designers doivent être partis prenantes du sujet.

Avec de belles initiatives régionales portées par les organismes de promotion du design ou de l’innovation, de plus en plus de cas concrets d’entreprises utilisant le design comme levier de croissance remontent jusqu’au plus haut niveau décisionnel, ce qui prouve encore une fois l’intérêt du design dans une période de transition et de mutation sociale, sociétale, environnementale et économique.

Cependant, encore trop peu d’entreprises qu’elle que soit leur taille, leur secteur d’activité ou leur âge ont recours au design. Il est temps que les designers s’emparent du sujet de la promotion de leur métier et en finissent avec la posture artistique centré sur l’individu et son intuition. Le design est un outil au service de l’amélioration des situations de vie, des consommateurs, des usagers, des citoyens.

Si les designers ne se réveillent pas…

Le design est une discipline avec une méthodologie et des procédures décrites dans de nombreux ouvrages de management, de science de gestion, par et pour les designers. De plus en plus de personnes compétentes dans les entreprises et non formées au design proposent via le « design thinking » de mener des études de design sans designers. Si les designers ne se réveillent pas, les postes de direction du design dans les entreprises iront aux ingénieurs ou aux managers.

Oui, le designer a une sensibilité particulière, il centre ses réflexions sur l’usage et le rapport aux sens, il visite régulièrement des musées et des expositions, il se ressource en termes de créativité de ses voyages et expériences de vie, il considère que le test, l’échec et l’itération fait partie de son processus de réflexion, il est formé à l’histoire de l’art et aux outils de représentation des beaux-arts et pour reprendre Dominique Sciamma, directeur de Strate, il est humaniste.

“Récompenser le design de l’inutilité ?”

Néanmoins, il est dommage de constater que, dans de nombreux cas, il est perçu comme un ersatz d’artiste et que c’est pour cela que l’intérêt de son travail est mal perçu voir incompris. Il n’est pas normal que lors d’un jury d’attribution de prix dans la profession, on entende encore des phrases du type : “il faut récompenser le design de l’inutilité”. Alors même que le but est de promouvoir le design vers les industries et de démontrer la valeur ajoutée du métier. Il serait sans doute pertinent de proposer à des design manager d’expérience au sein de grandes entreprises de devenir chef de jury.

Dans certains organismes de promotion de la profession, on entend également que les designers sont incapables de parler d’eux-mêmes et de leur métier et à quelques exceptions près, il faut donc les accompagner. J’ai eu la chance de rencontrer de très nombreux designers et la plupart explique très bien ce qu’ils font et pourquoi, ne serait-ce que lorsqu’il présente un devis. Ceux qui n’y arrivent pas ou ne s’en sentent pas capable doivent évoluer, s’associer ou changer de métier.

Trop peu de designers, de peur de se faire déréférencer des plateformes de mise en relation existantes sur le territoire, qui pourtant ne représentent qu’une part insignifiante de leur chiffre annuel, prennent la parole et organisent des temps de vulgarisation de la démarche. Les décideurs doivent comprendre qu’un designer, comme toute autre profession de conseil, a des objectifs, des délais, des impératifs de production à respecter. Cela ne dévalorise pas son travail ou sa posture, a contrario, cela l’enrichi. Le monde change, tout se connecte, les Hommes veulent gagner du temps, se rassurer.

Comme le monde, le designer doit changer, s’adapter et définir clairement les contours de son métier. Tant que le débat restera sur le jugement subjectif et individuel, la profession et son intérêt pour la Société ne sera pas comprise.

Pourquoi un décideur ferait le choix de travailler avec un designer s’il ne comprend pas les enjeux du design et de la protection de la propriété intellectuelle ?